Paris, le 23 janvier.
Le président colombien Juan Manuel Santos sera en visite officielle en France les 26 et 27 janvier. Alors que les négociations de paix initiées en 2012 entre les FARC et le gouvernement se poursuivent à La Havane, le conflit continue sur le terrain. Selon le RFCS, un éventuel accord entre les deux parties ne constituerait qu’une étape dans l’établissement d’une paix solide et durable et ne permettrait pas à lui seul de mettre un terme à l’ensemble des violations des droits humains en Colombie.
Le Réseau France Colombie Solidarités, plateforme de 11 ONG et associations françaises*, rappelle que la Colombie est toujours un pays en guerre. Le conflit a déjà fait plus de 220 000 morts, dont 80% de civils. La Colombie est par ailleurs le 2nd pays au monde en nombre de personnes déplacées internes (6 millions). Si les négociations de paix permettraient de déboucher à terme sur la fin du conflit armé, elles ne résoudraient pas pour autant à elles seules les causes structurelles de la violence.
En effet, environ 8 millions d’hectares de terres ont été confisquées aux paysans par les acteurs armés, souvent au bénéfice de puissants intérêts économiques. Face à cette problématique qui est au coeur du conflit armé et de la violence endémique, le RFCS exprime sa préoccupation sur le fait que :
- 3 années après la mise en application de la Loi 1448 sur les Victimes et la restitution des terres, seul 1% des 8 millions d’hectares ont été à ce jour effectivement rendus aux paysans ;
- le projet de Loi 133 (dite « Ley de baldíos »), en discussion au Parlement et qui prévoit la création de zones d’intérêt de développement rural et économique, risque de consolider la concentration foncière.
- le Traité de libre commerce entre l’Union Européenne et la Colombie, entré en vigueur en août 2013 – et toujours pas ratifié par le Parlement français – risque de renforcer l’accaparement des terres au détriment des petits paysans.
Aussi, les violations des droits humains perpétrées par l’ensemble des acteurs du conflit armé colombien (forces de sécurité, guérillas et paramilitaires) sont encore massives et quotidiennes et les civils en sont les principales victimes. Le RFCS exprime notamment sa préoccupation sur les éléments suivants :
depuis 2010, le nombre de défenseurs des droits humains assassinés est en augmentation (69 en 2012, 78 en 2013 et 45 dans les 9 premiers mois de l’année 2014) ;
- les femmes sont particulièrement touchées par la violence – une femme est victime de violences sexuelles toutes les demi-heures – qui peut même être considérée comme une arme de guerre dans le cadre du conflit armé ;
- le gouvernement du Président Santos promeut depuis 2012 un projet de loi renforçant la juridiction pénale militaire qui ne contribuerait qu’à renforcer l’impunité des cas liés aux forces de sécurité et notamment les exécutions extrajudiciaires (4 700 cas).
La Colombie est un partenaire diplomatique privilégié de la France, qui est en mesure de jouer un rôle d’accompagnement dans le processus de paix. Elle doit cependant faire pression pour une meilleure efficacité dans le processus de restitution des terres et une garantie effective de protection pour les individus et communautés impliqués. La France doit également affirmer le caractère fondamental de la protection des droits humains comme condition de coopération et promouvoir la responsabilité sociale des acteurs économiques publics et privés qui investissent en Colombie.
Le RFCS vous invite à parcourir la rubrique analyse et réflexion dans nos outils, vous y trouverez le programme de cette visite, les défis,etc.